23/07/2013

Ischia, le refuge de la Dolce Vita, par Maria Grazia Casella

Aujourd’hui nous souhaitions partager avec vous un article du monde traitant de notre merveilleuse île d’Ischia, nous ne sommes donc pas les seules à dire de belles choses sur notre île. 

Ischia, le refuge de la Dolce Vita
Maria Grazia Casella, le monde 10/05/2013

Une pièce archéologique mystérieuse, un grand éditeur et une villa-musée... Le succès d'Ischia, ainsi que son entrée dans le palmarès des stations balnéaires les plus chics, tient dans la conjonction de ces trois éléments. Même si, il faut bien le reconnaître, l'île campanienne, avec ses richesses thermales, a depuis tout temps attiré les voyageurs, artistes, écrivains et musiciens. Lorsqu'on feuillette le livre d'or des visiteurs d'autrefois, on tombe sur les noms de Boccace, Garibaldi, venu ici pour soigner les séquelles de sa blessure reçue à Aspromonte, Ibsen, Andersen, Mendelssohn, Stendhal, Lamartine, Corot, Louis Ier de Bavière.


Ischia, le refuge de la Dolce Vita
Il faut cependant attendre les années cinquante pour que la Dolce Vita s'empare des lieux. Au même moment, une campagne de fouilles, qui mènera à la découverte de Pithekoussai (Pithécuse), une ancienne colonie grecque vivant sur l'île, met au jour la coupe de Nestor. Ce vase rapporté de Rhodes au VIIIe siècle av. J.-C. portant trois vers, écrits de droite à gauche, en alphabet eubéen, constitue l'un des plus anciens exemples d'écriture grecque à nous être parvenus.

Cette pièce est incontestablement le joyau du Musée archéologique de Lacco Ameno, installé à Villa Arbusto, une demeure du XVIIIe siècle ayant appartenu à Angelo Rizzoli. Tombé amoureux d'Ischia, l'éditeur milanais ne regarde pas à la dépense. Il achète la villa et en fait son Buen Retiro. Il entreprend également la rénovation des Thermes, avant de faire aménager la place du village et construire des hôtels luxueux pour y accueillir la jet-set de l'époque, de la princesse Soraya à Jacqueline Kennedy.


Ischia, le refuge de la Dolce Vita
Des stars d'Hollywood (parmi lesquelles le couple Liz Taylor et Richard Burton) et de Cinecittà (notamment Gina Lollobrigida), des magnats de la finance et de l'industrie, des playboys et des têtes couronnées débarquent alors à Ischia pour participer à des fêtes et des soirées de gala. On peut encore voir les vestiges de ces étés dorés, sous forme de documents et de photos, dans le petit musée installé dans la Villetta Gingerò, une dépendance de Villa Arbusto, inauguré à l'occasion du trentième anniversaire de la mort de Rizzoli.

Parmi toutes ces célébrités se trouvait également Luchino Visconti qui, après moult séjours et une cour assidue, parvint à acquérir La Colombaia, une demeure-château toute en tours crénelées, dans le bois de Zaro. C'est là que le grand réalisateur recevait ses amis et collaborateurs les plus proches, depuis Alida Vallià Claudia Cardinale, en passant par Helmut Berger et Alain Delon ou encore Burt Lancaster.


Ischia, le refuge de la Dolce Vita
Rouverte au public il y a quelques années, la Colombaia abrite aujourd'hui la Fondation et le Musée de la photographie dédiés au cinéaste. Mais c'est aussi un centre culturel et le siège d'une Ecole internationale de cinéma et de théâtre. Chaque année, à la fin de l'été, acteurs, réalisateurs et professionnels du spectacle se donnent rendez-vous dans l'amphithéâtre naturel du parc pour la remise du prix le Guépard d'Or.

Si aujourd'hui la Colombaia constitue un point de référence pour les apprentis cinéastes, les jeunes talents de la musique, eux, trouvent l'équivalent à quelques centaines de mètres de là. La Mortella est, en effet, un centre de recherches voulu par William Walton, l'un des plus grands compositeurs anglais du XXe siècle. Ouvert au public par Lady Susana Walton, c'est après les Thermes l'endroit le plus visité d'Ischia, avec 90 000 visiteurs par an. La musique n'est cependant pas la principale raison de son succès, même si les concerts qui y sont organisés régulièrement se jouent toujours à guichets fermés. Non, si l'on vient à la Mortella, c'est surtout pour la symphonie verte jouée par les quelque 500 espèces de plantes et d'essences méditerranéennes et tropicales du jardin dessiné par Russell Page sur le promontoire qui descend vers la mer.


Ischia, le refuge de la Dolce Vita
En parcourant les sentiers ombragés par les palmiers, les yuccas et les magnolias, le promeneur a du mal à imaginer que ce lieu n'était autrefois qu'une vaste étendue de pierres volcaniques. Le belvédère près du nymphée offre un panorama époustouflant sur Forio, un bourg qui a su conserver tout son charme d'antan, avec des décors dignes des plus belles cartes postales, comme l'église del Soccorso ou la place Matteotti, animée par ses ateliers d'artisans. Rien ne semble avoir changé depuis le temps où le village servait de refuge à l'intelligentsia en vacances sur l'île.

Beaucoup se souviennent encore, en effet, de l'époque où Truman CapoteAlberto Moravia, le peintre Renato Guttuso et le poète W.H. Auden étaient des habitués du Bar Internazionale, aux tables desquelles on discutait des heures entières en sirotant un verre de vin. Un vin qui provenait certainement des caves de Panza et de ses alentours. Nous sommes à présent sur le versant occidental du mont Epomeo, la partie de l'île la mieux dotée sur le plan œnologique, où les cépages autochtones biancolella, forastera, piedirosso et guarnaccia produisent les fameux Ischia Bianco et Ischia Rosso, AOC.


Ischia, le refuge de la Dolce Vita
De là commence une descente raide menant au petit port de Sant'Angelo, interdit aux voitures. De toutes façons, celles-ci ne seraient d'aucune utilité pour flâner dans les boutiques, bijouteries et ateliers disséminés le long des ruelles accrochées à la colline. Tout au plus peut-on s'y déplacer en voitures de golf, venues remplacer les ânes il y a quelques dizaines d'années à peine.

Un ascenseur creusé dans la roche permet de rejoindre le sommet du château aragonais, un îlot-forteresse relié par un isthme artificiel à la bourgade marine d'Ischia Ponte. Bâtie en 474 av. J.-C. par Gélon, tyran de Syracuse, la citadelle s'est agrandie au fil des siècles et a servi de refuge aux insulaires lors d'éruptions volcaniques ou d'attaques de pirates. Ce n'est plus qu'un ensemble de ruines pittoresques, en cours de restauration, dominé par la puissante silhouette trapézoïdale du donjon surplombant la mer.


Ischia, le refuge de la Dolce Vita
À quelques pas de là, des restes d'arcs et de chapelles laissent deviner la splendeur passée de la cathédrale dell'Assunta qui, en 1503, fut le décor grandiose des noces de la poétesse Vittoria Colonna et Ferrante d'Avalos. Un peu plus loin se trouve l'église du couvent des clarisses, reconnaissable à sa magnifique coupole dont la construction au XVIIIe siècle faillit mener les religieuses à la ruine. Aujourd'hui, elle abrite une galerie d'art, tandis que le monastère a été transformé en un hôtel de charme entouré de potagers, de jardins et de terrasses, dont les chambres donnent sur le vieux village d'IschiaPonte, Procida et le golfe de Naples. Car, par-delà ses illustres fréquentations, Ischia est aussi et avant tout un petit paradis naturel.

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